La Syrie, la longue destruction d’un pays

« Je n’attends rien de Genève et d’une manière générale de ce qui vient de l’extérieur, parce qu’aujourd’hui, la Syrie se trouve seule, orpheline, comme au premier jour de la révolution ».

ENTRETIEN avec Hala Alabdalla par Nicolas Mayer

Il y a trois ans les manifestations pacifiques de Deraa amorçaient une vague de contestation sans précédent en Syrie, ébréchant un système politique autoritaire que beaucoup considéraient comme stable, y compris au lendemain des premiers mouvements populaires en Tunisie et en Égypte. La Syrie est aujourd’hui la scène d’un conflit qui s’enlise et qui aurait déjà provoqué la mort de près de 150 000 personnes. Le délitement d’un pays à la culture millénaire, ancien foyer de rayonnement du monde arabe, est une tragédie à laquelle assiste, Hala Alabdalla, cinéaste et activiste syrienne, exiliée à Paris. AFKAR/IDEES s’est entretenu avec la réalisatrice, qui évoque en écho les révolutions et la lutte de son peuple dans son dernier documentaire Je suis celle qui porte les fleurs vers sa tombe, dédié au travail des caricaturistes en Égypte et en Syrie. Avec un ton sincère et personnel, elle nous livre ses impressions sur son pays déchiré par la guerre, en ne cessant pourtant de croire au bien ondé de la révolution de 2011. Le prix que paye le peuple démuni, pour lourd qu’il soit, n’étouffera pas ses aspirations de liberté.

AFKAR/IDEES: Quelle crédibilité accordez-vous au processus de négociations ? Existe-t-il de réelles perspectives d’avancées ?

HALA ALABDALLA: Je n’ai jamais cru à ce processus. La terreur continue et les initiatives de Genève ne vont rien changer sur place. Ces rencontres doivent ouvrir les yeux de l’opinion publique et marquer la différence entre une opposition qui a la volonté d’avancer et de trouver une solution et le refus et l’aveuglement complets de la délégation du régime qui a montré qu’elle n’a aucune volonté d’écouter les autres. Je n’attends rien de Genève et d’une manière générale de ce qui vient de l’extérieur parce qu’aujourd’hui la Syrie se trouve seule, orpheline, comme au premier jour de la révolution. Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces.

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