afkar/idées
Co-édition avec Estudios de Política Exterior
- «Le bilan du Processus de Barcelone est positif» Javier Solana
- Nouveau élan diplomatique au conflit du Sahara Miguel Hernando de Larramendi Bernabé López
- Le Maroc et le Sahara : pour une solution politique Mustapha Sehimi
Editorial
En novembre 2005, nous fêterons les 10 ans de la Conférence qui sut rassembler, à Barcelone, les pays de l’Union européenne (UE) et leurs partenaires méditerranéens. Les 15 de l’UE – aujourd’hui 25 – et presque tous les autres, exception faite de la Libye, étaient présents ; des pays arabes riverains, certes, mais aussi certains qui ne le sont pas, comme la Jordanie, qui possèdent une relation évidente avec la Méditerranée. Et puis il y avait aussi Israël et la Turquie. C’étaient des temps d’optimisme. Une « fenêtre d’opportunité » – comme l’appellent les diplomates – s’était entrouverte, et le gouvernement de Felipe González sut la saisir à travers une proposition de dialogue régional très structurée, que l’un de ses artifices, Miguel Angel Moratinos – aujourd’hui ministre des Affaires étrangères – qualifierait de « révolutionnaire ». Il se peut que l’adjectif semble excessif, mais ce qui est certain, c’est que la Conférence euro-méditerranéenne fit apparaître une nouvelle architecture de la coopération dans l’une des régions du monde qui en a le plus besoin. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que – malgré toutes les réserves que puisse susciter – si le Processus de Barcelone n’avait pas existé, il faudrait l’inventer. Dix ans après cette initiative, le gouvernement espagnol a envisagé le besoin de relancer le Processus. Le président Rodríguez Zapatero et Moratinos (voir AFKAR/IDEES no 3) ont annoncé la convocation d’une réunion, si possible un sommet, à Barcelone, en novembre 2005 : une réunion des 35 pays qui font aujourd’hui partie du Dialogue euro-méditerranéen. Destinée à redonner un élan au processus, qui soit non seulement le résultat du volontarisme, mais encore de la réflexion sur les nouvelles circonstances de la Méditerranée.
La fenêtre d’opportunité s’est refermée très vite, avec la rapide détérioration du processus de paix au Proche-Orient. C’est avec une grande virulence qu’est apparu un terrorisme lié à l’islamisme le plus intransigeant, et l’UE a cessé de regarder vers le Sud pour se replier sur son élargissement ; la plupart des processus de transition dans le monde arabe se sont embourbés, et le gouvernement israélien s’est définitivement éloigné de l’esprit qui avait permis la réunion de Barcelone (au prix de la vie d’Isaac Rabin, assassiné quelques jours avant la Conférence).
La conférence que le gouvernement espagnol veut convoquer – connue sous le nom de « Barcelone + 10 » – compte déjà sur des appuis, aussi bien au sein de l’UE que dans les pays tiers, en commençant par le Maghreb. Elle se présente comme une occasion d’incorporer à l’architecture multilatérale du Processus de Barcelone tous les nouveaux éléments de la scène internationale : le terrorisme, la politique de nouveau voisinage, les négociations pour l’adhésion de la Turquie. Ainsi que des initiatives qui modifient les règles du jeu, comme c’est le cas du « Grand Moyen-Orient » projeté par les États-Unis. Ce sera donc un moment risqué, comme le fut la Conférence de 1995. Une nouvelle fenêtre d’opportunité s’ouvrira-t-elle ? Pour le moment, la diplomatie espagnole et les pays les plus intéressés par le partenariat euro-méditerranéen travaille pour éviter que les nouveaux vents n’empêchent pas d’ouvrir les fenêtres. Dans tous les cas, la convocation de « Barcelone + 10 » devrait être l’occasion d’un vaste débat au sein de la société civile – c’est-à-dire un débat avec des résultats pratiques et datés, et non une discussion parmi tant d’autres – dont AFKAR/IDEES espère être l’une des plates-formes au cœur de la Méditerranée occidentale.
- Algérie : le plan Baker toujours en vigueur Manuel Ostos
- La experiencia autonómica española puede ser útil para el Sáhara Gaymula Ebbi
- La Turquie dans l’Europe : plus qu’une promesse ? Elisabeth Johansson-Nogués Ángel Bermúdez
« Le droit de vote pour les immigrés arrivera bientôt en Espagne »
Mohamed Chaib, premier député espagnol d'origine marocaine, élu pour le Partido de los Socialistas de Cataluña-Ciudadanos por el Cambio (PSC-CpC, Parti des socialistes de Catalogne Citoyens pour le changement), raconte pour AFKAR/IDEES son expérience au Parlement de Catalogne, la participation politique des nouveaux citoyens, leur intégration et la reconnaissance de la diversité culturelle et religieuse qui s'accompagne de leur présence en Catalogne. AFKAR/IDEES : Comment pensez-vous que votre entrée au Parlement de Catalogne peut influencer l'avenir de la communauté marocaine dans la région ? MOHAMED CHAIB : Il est certain que le fait que la société catalane compte sur de nouveaux citoyens donne un plus grand sens, si besoin était, à cette circonstance, puisque cela contribue à ce que cette réalité acquière une image de normalité. Dès l'instant où j'ai été élu député du PSC-CpC, j'ai insisté sur le fait que bien que je provienne du...
Lire la suiteLa nouvelle politique extérieure espagnole
Depuis 1975, presque tous les gouvernements se sont proposés, en arrivant au pouvoir, de recentrer la politique extérieure espagnole par rapport à l'étape précédente. Ils proclamaient également leur volonté d'atteindre un consensus dans ce domaine afin de tendre vers une politique extérieure d'État et non de parti. Fidèle à la tradition, le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, à travers son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a entrepris une réforme intégrale du service extérieur et une refonte des grandes lignes de la politique extérieure espagnole et des principes sur lesquels elle doit s'appuyer. Comme à l'accoutumée, il a proclamé son intention de chercher le consensus avec les autres forces politiques. Bien que cette circonstance puisse paraître familière, c'est la première fois qu'après un changement de majorité législative, la réforme de la politique extérieure est abordée simultanément sous la triple p...
Lire la suiteUnion européenne Maghreb : vers une relation privilégiée
L'Union européenne (UE) et le Maghreb ont la possibilité et le besoin d'établir une relation privilégiée dans le cadre du Processus de Barcelone. Tel est la principale conclusion d'un séminaire de haut niveau, récemment organisé par l'Institut d’Études de Sécurité (un « think tank » créé par une Action Commune du Conseil et qui dépend du second pilier, la Politique étrangère et de sécurité commune, ou PESC, de l'UE), auquel ont assisté de l'ordre de 40 experts et diplomates européens et maghrébins. Avec différents niveaux d'enthousiasme et diverses formules destinées à matérialiser ce « partenariat privilégié » à travers une initiative euro-maghrébine, les participants plaidèrent pour « créer une identité maghrébine » au sein du Processus de Barcelone, qui permettrait aux pays du Maghreb d'atteindre de nouveaux sommets dans les relations économiques et politiques avec l'UE. L'idée n'est pas neuve, mais le séminaire a permis d'appr...
Lire la suite- Les transferts de revenus, source de financement du développement Dilip Ratha
- Pour une politique d’appui aux transferts Heba Nassar
- Transferts des marocains résidents à l’étranger Mohamed Ben Chaib
L’adaptation des établissements financiers aux besoins des nouveaux résidents
La population étrangère, qui dépasse 6,2 % des résidents en Espagne en 2003, représentera entre 9 % et 12 % du total de la population en 2010 – soit de 4 à 5,5 millions de personnes – selon les estimations de l'Institut national de la statistique espagnol (INE). Pour les entreprises – et en particulier pour les établissements financiers –, l’arrivée de nouveaux résidents constitue une opportunité d’offrir des services adaptés aux besoins de ces collectifs. Pour cette raison, les banques et les caisses ont développé non seulement des systèmes d'envoi d'argent plus économiques pour ces collectifs, mais aussi une vaste gamme de produits et services destinés à ces nouveaux clients potentiels pour leurs établissements. L’expérience de ‘la Caixa’ La Caixa » collabore à des projets qui contribuent à favoriser le développement économique et social que génère l'envoi d'argent, depuis l'Espagne, par les nouveaux r...
Lire la suiteLa fracture digitale entre le Nord et le Sud
Dans le cadre de la Stratégie de Lisbonne, du Processus de Barcelone et de la nouvelle politique de voisinage de l'Union européenne (UE), la Commission a lancé l'initiative Eumedis, visant la promotion du développement de la société de l'information euro-méditerranéenne, et tout spécialement conçue pour réduire la fracture digitale entre les partenaires méditerranéens du Sud et du Sud-est, et les membres de l'UE. Le projet Solutions TIC pour les PME méditerranéennes (ICT MED SME), dirigé par la Fondation Cirem, est l'un des 20 projets régionaux qui reçoivent l'appui de cette initiative. Il compte sur le soutien de la Commission européenne, l'Agence espagnole pour la coopération internationale (AECI) et l'Agence catalane de coopération. Son objectif consiste à promouvoir des solutions TIC entre les PME méditerranéennes de huit des pays signataires de l'Accord d'association euro-méditerranéenne. De façon plus générale, il tente de con...
Lire la suiteSyndicats maghrébins : réforme ou marginalisation
Les réformes économiques mises en œuvre dans les trois pays du Maghreb central au cours des deux dernières décennies, l'échec des modèles politico-économiques et les effets des dynamiques démographiques se sont soldés par des coûts sociaux importants. Leurs principales manifestations ont été l'augmentation du coût de la vie (par la libéralisation des marchés et la diminution des subventions aux produits de première nécessité), la diminution des services publics, le développement de l'économie informelle, la précarisation de l'emploi et l'augmentation du chômage (sous-estimé par les organismes officiels entre 15 % et 35 %), et une dette croissante en matière de protection sociale. Les organisations syndicales ont été l'un des acteurs les plus concernés par ces changements, puisque leur rôle consiste à représenter et défendre les intérêts des travailleurs. Mais il convient de s'interroger sur la position des syndicats dans ce nouveau contexte...
Lire la suite- L’éducation, clé de la modernisation Jean-Louis Guigou
- Les défis de l’éducation au Maghreb Francisco J. Carrillo
Comprendre l’immigration à travers le cinéma
Comme le sait n'importe quel cinéphile moyennement informé, l'immigration a été dans le point de mire du cinéma depuis pratiquement ses origines. Pour cette raison, les possibilités qu'offre l'histoire du cinéma, pour la réflexion sur les mouvements humains et les flux migratoires, sont très vastes. C'est là le point de départ du projet que l'équipe de travail CIM (composée par des professeurs du réseau Cine y Derecho et des membres du Grupo de Estudios sobre Ciudadanía, Inmigración, Multiculturalidad y Minorías – GECIMm–, Groupe d'études sur la citoyenneté, l'immigration, la multiculturalité et les minorités de l'université de Valence, constitué en 1992 sous ma direction) proposa à l'Institut européen de la Méditerranée (IEMed) et qui a été développé dans le cadre du Dialogue sur les mouvements humains et les migrations – Barcelone, 2-5 septembre 2004. Ce qui est certain, c'est que nous pourrions même parler d'un genre cinématographique sur...
Lire la suiteElteatro-Tunis : indépendance d’espace, liberté de création ?
C’est en chiffre décimal que les bilans se font : 10 ans, 20 ans, 30 ans... Elteatro n’a que 18 ans ce 5 octobre 2004. Une nouvelle création théâtrale fait l’ouverture officielle de sa saison artistique : « Klem Ellil 11/9 : les voleurs de Baghdad ». Vous dites : Voleurs ? Baghdad ? Espace privé à vocation publique ? Elteatro se structure autour de trois aires : une salle frontale classique avec ses 250 sièges et un plateau conséquent de 12 sur huit mètres ; Elteatro, un studio en parquet en bois de 10 mètres accueillant ateliers divers de théâtre, danse, musique, séminaires, mais servant aussi de salle de spectacles et de concerts : « carré d’art ». Et finalement une galerie d’exposition – foyer d’artistes « aire libre » qui participe ces dernières années à l’émergence de plasticiens aujourd’hui fort cotés sur le marché des arts en Tunisie, et cela, grâce à la collaboration fort dynamique de l’artiste-photographe Mahmoud...
Lire la suiteSortir des couloirs des tenèbres
Les jours s’écoulaient et les violations graves des droits de l’homme devenaient de plus en plus pressantes au niveau national et international, la situation des détenus de Tazmamart, Kellat Megouna, Agdez, etcétéra devienne alarmante. La mobilisation et la coordination entre les différents acteurs pour la démocratie et la vérité au sein du pays se concrétisent par des actions de proximité... Ainsi se créa l’instance Equité et Réconciliation (IER). L’installation de l’IER commémore un processus de lutte, de persévérance des militants des droits de l’homme et de leurs familles. La nomination des membres de cette instance, des personnes connues par leur itinéraire d’opposition au régime et de leur engagement s’inscrit-elle dans une nouvelle phase de l’histoire du Maroc ou comme l’appellent certains observateurs la nouvelle ère pour classer le dossier des années de plomb. Les années de plomb sont surtout la torture, les dispari...
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