Israel-Palestine. Le jour d'après
n.70
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Éditorial
La mort en garde à vue de Mahsa Amini pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire iranien a provoqué de multiples protestations à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Ces révoltes n’ont laissé personne indifférent et ont une nouvelle fois braqué les projecteurs internationaux sur les revendications de liberté et de droits face au régime des Ayatollahs. Les manifestations sont également le résultat d’un mécontentement croissant face à la violence systémique et à la corruption, ainsi qu’à la hausse des prix des produits de base, au chômage et au manque d’opportunités pour les jeunes. La réponse répressive du gouvernement aux mains des Basijs, la milice paramilitaire qui dépend de l’élite militaire et économique des Pasdarans (ou Gardiens de la révolution), a mis en évidence le fossé grandissant entre l’État et la société.
En Tunisie, la violence de l’État contre le jeune Mohammed Bouazizi, un citoyen ordinaire, est devenue un catalyseur du mécontentement. En Iran, les manifestations qui ont suivi la mort d’Amini ont suscité une grande solidarité de la part de larges couches de la population. Non seulement des femmes qui mènent les manifestations, mais aussi des étudiants universitaires, des hommes, des travailleurs et des citoyens de différents coins du pays. Même l’équipe nationale de football, lors d’un match amical contre le Nigeria, portait des vêtements noirs, évitant ainsi de montrer tout symbole national.
Le noyau dur de l’Iran accuse l’Occident de manipuler l’information et de susciter le chaos. Cependant, ces révoltes pourraient ébranler la théocratie iranienne. La répression et la mauvaise situation économique, ainsi que les sanctions imposées par les États-Unis, sont des éléments clés pour comprendre le mécontentement et les troubles sociaux.
Dans ce contexte, il est essentiel de réfléchir à la géopolitique du Moyen-Orient qui pourrait s’ouvrir avec un Iran différent de celui des 40 dernières années. Plusieurs questions se posent : Et maintenant quoi ? Quelle doit être la position de l’Occident face à un Iran qui semble plus faible, en raison du mécontentement de sa propre population ? L’Union européenne envisage d’imposer davantage de sanctions en réponse à la répression du régime. La position américaine sur l’accord nucléaire, dont les négociations étaient déjà dans l’impasse avant les révoltes, pourrait être modifiée par les élections nord-américaines, qui seront sans aucun doute un facteur clé de la configuration géopolitique et sécuritaire de la région. Tout cela fait que la situation iranienne transcende les frontières régionales et soit devenue un événement d’importance mondiale. Les manifestations ont sans doute réveillé un espoir de changement dans une partie de la société civile iranienne. La communauté internationale sera-t-elle à la hauteur du défi ?
Il est vrai qu’avec ses revendications, les Iraniens ne cherchent pas un changement géopolitique en soi ; ils cherchent des réformes internes et à montrer leur lassitude vis-à-vis de la République islamique. Toutefois, bien qu’il soit trop tôt pour en prévoir les conséquences, ce qui se passera en Iran pourrait avoir des effets au-delà de ses frontières. L’Iran constitue l’un des principaux axes de l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient. Les réseaux d’acteurs non étatiques soutenus par l’Iran, tels que le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen, sont des appendices iraniens destinés à affaiblir ses rivaux régionaux, Israël et l’Arabie saoudite respectivement. La faiblesse de l’Iran pourrait affecter ces acteurs et reconfigurer les équilibres des conflits dans lesquels ils sont impliqués. Tout cela dans un contexte international marqué et focalisé par l’invasion et la guerre de la Russie contre l’Ukraine, dans laquelle l’Iran a joué un rôle actif en faveur de la partie russe, dans l’intérêt stratégique de faire échouer l’ordre mondial dirigé par les États-Unis et d’accroître son influence géopolitique.
Sans oublier la Syrie. Avec la Russie occupée en Ukraine et l’Iran concentré sur la répression des manifestations internes, comment ce nouveau cadre affectera-t-il les parrains du régime d’Al Assad et l’évolution de la situation interne en Syrie ?
L’Iran a connu des cycles continus de soulèvements depuis 1979. Face à ce dernier, en raison de ses propres caractéristiques et du contexte mondial, la communauté internationale doit faire preuve de solidarité et de compréhension d’une manière forte et soudée, à la hauteur des aspirations et des espoirs du peuple iranien./
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