Relancer le partenariat

Juan Prat y Coll, ambassadeur en mission spéciale chargé des Affaires de la Méditerranée.

La célébration du Xe Anniversaire du partenariat euro-méditerranéen, connu sous le nom de Processus de Barcelone, témoigne de l’intérêt suscité par ce partenariat, qui constitue un exemple unique et original de coopération régionale.
On a beaucoup parlé des difficultés politiques auxquelles ce processus a dû faire face, mais peu de gens savent combien de progrès ont été faits à l’échelon institutionnel, pour la création d’une relation de confiance et d’entente, ainsi que de développement de liens économiques de plus en plus étroits, d’une part, et de participation et d’implication de la société civile, de l’autre. 

Dans les domaines politique et institutionnel, les réunions ministérielles semestrielles n’ont jamais cessé : précédées et préparées par de nombreuses et longues réunions entre de hauts fonctionnaires, elles ont indéniablement contribué à la création d’une atmosphère de confiance améliorée et à une habitude de dialogue permanent qui n’existait pas auparavant. Aujourd’hui, la récente création d’une Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne – ce qui était impensable il y a quelques années – contribuera sans aucun doute à un meilleur rapprochement Nord-Sud, à de part et d’autre, dont le dialogue, pour des motifs évidents, peut-être plus ouvert que celui entre les représentants des pouvoirs exécutifs. 

Dans le domaine économique, la signature d’accords d’association avec tous les voisins du Sud a constitué non seulement un premier pas vers la grande zone de libre échange euro-méditerranéenne prévue pour 2010, mais encore une étape importante dans le processus de réforme et de transformation de ces pays. 

Quant à la société civile, il est évident que malgré les efforts réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour qu’elle participe davantage au Processus, par l’augmentation des contacts et la prise en considération de ses initiatives et de ses préoccupations par les pouvoirs publics. 

Le fait que cette année, le Forum Civil Euromed se soit tenu au Luxembourg deux mois avant la réunion ministérielle et non pas juste après comme à l’accoutumée, constitue un bon exemple de cette évolution positive tendant à prendre de plus en plus en compte ses initiatives. 

Dans de telles circonstances, un labeur intense est mis en œuvre, aussi bien de la part de l’actuelle présidence luxembourgeoise de l’Union européenne que de la Commission et du Conseil (Bureau du haut représentant), en vue de dresser un bilan de tout ce qui a déjà été réalisé afin de pouvoir mieux concevoir l’avenir. 

L’Espagne, pour sa part, collabore déjà activement avec la suivante présidence (britannique), sous le mandat de laquelle se tiendra la réunion commémorative du Xe anniversaire de Barcelone. Notre intention commune est de parvenir à une véritable « co-production » permettant – par le dialogue et l’intéraction permanente avec les pays du Sud – de conférer un nouvel élan politique mérité au partenariat à travers une mise à jour et un éventuel élargissement de ses objectifs, sans cesser de reconnaître la validité de tous les postulats de la Déclaration de Barcelone de 1995, qui a constitué un véritable jalon dans la relation euro-méditerranéenne. 

Le Xe anniversaire sera sans doute l’occasion de fêter les réussites, mais sans auto-complaisance ni critique facile envers un modèle qui a démontré son utilité, qui est aujourd’hui admis par tous comme un fait incontournable et qui, même s’il n’a pas encore atteint tout son potentiel, permet de continuer à travailler ensemble, dans l’optique d’une zone méditerranéenne de paix, de stabilité et de prospérité partagées. 

Le sommet commémoratif de Barcelone sera également l’occasion d’offrir à cette initiative, dans laquelle l’Espagne a joué un rôle aussi important, nos nouvelles idées et initiatives afin d’améliorer les méthodes de gestion, les procédures institutionnelles et la participation de plus en plus structurée de la société civile dans toutes les initiatives mises en marche à l’avenir. 

Je ne saurais terminer sans faire allusion au dialogue interculturel que représente ce partenariat à l’échelon régional ; aujourd’hui, avec la mise en marche de la Fondation Anna Lindh à Alexandrie (Egypte), il pourra contribuer activement à mettre en pratique la fameuse Alliance des civilisations récemment proposée aux Nations unies par le président du gouvernement espagnol José Luis Rodríguez Zapatero.