Pluralisme et diversité identitaire

Face au concept d’unité de la nation arabe, les nouvelles constitutions reconnaissent à des degrès divers la variété sociale, ethnique, religieuse ou linguistique de leur population.

Nathalie Bernard-Maugiron

Si les constitutions du monde arabe ont longtemps reposé sur le concept d’unité de la nation arabe ou de la umma islamique, l’ordre constitutionnel interne de ces pays a récemment vu apparaître des normes institutionnalisant la diversité sociale, ethnique, religieuse ou linguistique de leur population. C’est le cas, en particulier, pour la nouvelle Constitution de l’Irak (2005), du Maroc (2011), de l’Égypte (2014) ou de la Tunisie (2014). Plusieurs de ces constitutions imposent également l’adoption de mesures spéciales pour favoriser la participation politique de groupes sous-représentés, comme les minorités non musulmanes ou les femmes (Égypte, Irak, Algérie, Maroc, Tunisie). Certains vont même jusqu’à faire une place aux communautés nationales et aux groupes défavorisés (Libye, Yémen, Égypte).

Si aucune de ces constitutions n’utilise le terme de « minorités », beaucoup d’entre elles reconnaissent à des degrés divers l’existence de communautés minoritaires ou vulnérables sur leur territoire. Auparavant, les droits de ces groupes minoritaires étaient protégés par l’application du principe d’égalité ou de non discrimination reconnus à tous les citoyens par la plupart des constitutions. Les minorités religieuses invoquaient également la liberté religieuse, lorsqu’elle était garantie par le texte constitutionnel. Mais la plupart de ces textes étaient muets par rapport à la question du pluralisme et du fait minoritaire, qu’ils considéraient comme une menace pour l’unité nationale et l’harmonie sociale, et les communautés linguistiques et culturelles se retrouvaient sans protection.

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