L’Iran et les révoltes arabes

Comme en Tunisie et en Égypte, le changement est réclamé de la société civile vers l’État et il est inévitable qu’une telle constellation politique produise d’importantes modifications.

Arshin Adib-Moghaddam

L’Iran se trouve en une situation postrévolutionnaire et non pas prérévolutionnaire. Les Iraniens ont institué un discours révolutionnaire prêchant pour une indépendance radicale du pays, de la région et des pays du « Sud global », qu’ils ont payé cher. Cette insistance sur l’indépendance est l’une des principales raisons pour lesquelles l’Iran se réfère aux soulèvements arabes comme des « réveils ».

Dans le jargon des révolutionnaires de 1979, y compris celui de l’ayatollah Khomeini, le réveil (bidar, en perse) signifie le prélude à l’action révolutionnaire, une société prête à lutter pour son indépendance. Bien entendu, à Téhéran, de très nombreux naïfs donnent pour acquis que les révoltes arabes s’inspirent de la révolution islamique. Ces fantaisies doivent être ignorées. L’ordre postaméricain émergent est considéré en Iran sous un angle optimiste, mais aussi avec des doses d’anxiété. Optimisme, parce que les stratégies iraniennes supposent (avec raison, je pense) que des gouvernements plus sensibles aux préférences de leurs sociétés seront plus ouverts à une politique extérieure plus proche de la cause palestinienne, de l’Iran lui-même et, par conséquent, seront moins condescendants avec les USA et Israël.

Mais derrière cela se cache l’anxiété, en particulier chez ceux de droite qui sont en train de batailler contre les demandes de la puissante société civile. Ils sont conscients que les Iraniens ont préparé leur propre Intifada pour réformer l’État depuis longtemps et qu’aujourd’hui, la démocratie et les droits de l’homme – et pas seulement l’indépendance – sont les clefs d’une bonne gouvernance dans le monde arabe et islamique. À moyen et long terme, l’État iranien ne peut pas ignorer ce nouveau monde courageux.

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