L’enseignement de l’arabe en Espagne

Face à la croissance de la demande, il est nécessaire d’aborder la diglossie entre l’arabe classique et le dialectal et former un professorat spécialisé.

Victoria Aguilar

Ces pages présentent une vision rapide de la situation de l’enseignement de l’arabe en Espagne selon une perspective diachronique, toujours nécessaire pour comprendre tout devenir humain. Elles ne sont en aucun cas exhaustives et elles ne prétendent pas embrasser toutes et chacune des variables ou aspects que l’on pourrait considérer au moment de traiter ce sujet, mais seulement un cadre de référence.

Bien que le contexte géographique soit délimité, il est possible que l’objet d’étude, la langue arabe, ne le soit pas autant. L’arabe, langue sémitique parlée par près de 300 millions de personnes et l’une des six langues des Nations unies, peut être définie comme une macrolangue, de façon semblable au chinois ou au quechua. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une langue qui présente différentes variétés non nécessairement compréhensibles entre elles, considérées comme des formes dialectales de la même langue standard. Pour des raisons culturelles, religieuses et politiques on l’a considérée comme une seule langue, bien qu’en réalité il existe plusieurs registres différenciés ou langues qui cohabitent dans une sorte de bilinguisme que l’on a appelé diglossie (du grec, deux langues) : la langue culte ou normalisée (appelée traditionnellement arabe classique) et la langue maternelle (langue dialectale). La première représente la langue de prestige : il s’agit d’un système unifié, le seul reconnu officiellement, la langue d’alphabétisation, utilisée dans des contextes formels, l’une des langues littéraires les plus riches de l’humanité, très liée à l’islam, et c’est en cette langue que s’effectuent la plupart des écrits. Le registre dialectal n’est pas standardisé, on ne lui reconnaît pas le statut de langue et il présente de multiples variables, au moins autant que de pays arabes : marocain, égyptien, libanais, yéménite, etc.

Alors, qu’est-ce qu’un Arabe natif ? Tout habitant de l’un des 23 pays de la Ligue arabe. Cependant, un Tunisien utilise le registre tunisien dans pratiquement toutes ses interactions orales, et l’arabe normalisé dans d’autres situations de communication (écouter la radio ou la télévision, lire la presse ou de la littérature et, plus rarement, maintenir une conversation, avec un arabe koweïtien, par exemple). Chacun de ces registres peut être appelé arabe, et son utilisation est régulée par le milieu ou le contexte d’action. Si l’on se centre sur son apprentissage, nous pouvons affirmer que les deux sont indispensables.

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