Le cinéma américain post 11-Septembre 

Depuis 2001, Hollywood a fait appel au réalisme, à l’histoire et à la personnification pour inclure un discours de victimisation et de traumatisme dans ses films.

Linda Mokdad

À la lumière des conséquences immédiates et durables du 11 septembre 2001, tant à niveau national qu’international, étudier la construction historique des attaques terroristes est toujours une tâche difficile, sinon urgente. Que l’on voie le 11-Septembre comme une justification de la « guerre contre la terreur » ou comme une excuse illégitime pour un renforcement illimité du pouvoir exécutif (la signature du Patriot Act, les pratiques de la détention à durée indéfinie et de la extraordinary rendition (restitution extraordinaire), le recours à la torture ou les invasions de l’Irak et de l’Afghanistan), le récit cinématographique de ce jour-là est une source de débats complexes et de confrontations autour de l’histoire. Si le sujet de certains films après le 11-Septembre ont privilégié le cadre américain ou national pour isoler ou maîtriser la signification des attentats, d’autres ont insisté sur le fait de placer cette journée de 2001 dans un contexte global mettant en relief l’histoire de la politique étrangère des États-Unis et leur intervention dans d’autres parties du monde. D’autres récits ont également oscillé, de façon ambivalente, entre ces deux positions, en adaptant mais en rééquilibrant aussi l’histoire, pour remodeler le rôle des USA au-delà des frontières. À partir de ces récits, cet article décrit comment le cinéma hollywoodien post 11-Septembre soutient trois tendances importantes dans les représentations du Moyen-Orient ou des arabes/musulmans.

En premier lieu, un certain nombre de films mobilisent des stratégies qui indiquent une préoccupation à l’égard du « réalisme ». Deuxièmement, ils affichent aussi une tendance à situer le 11-Septembre et la « guerre contre la terreur » dans d’autres scénarios et des histoires habituellement utilisés pour désigner des relations problématiques entre le Moyen-Orient et Washington (y compris le fondamentalisme islamique, les invasions d’Afghanistan et d’Irak, le conflit israélo- arabe ou la lutte pour le contrôle du pétrole). Et finalement, le cinéma post 11-Septembre suggère la suppression de la personne par rapport à la figure de l’arabe/musulman, qui est remplacée par un investissement croissant dans le traumatisme et dans le stress postraumatique de l’américain. En fin de compte, ces tendances laissent entrevoir qu’Hollywood a utilisé et abusé du 11-Septembre et de la postérieure « guerre contre la terreur » et en a profité pour modérer, réglementer et très souvent reformuler les rencontres et les affrontements historiques entre Washington et le Moyen-Orient.

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