Effets politiques du ‘Printemps arabe’ sur les pays du Maghreb

L’action politique est désormais pensée et vécue sur un mode totalement nouveau, dans un contexte où la parole a été libérée.

Khadija Mohsen-Finan

La révolution tunisienne de janvier 2011 a créé un immense effet de surprise. Intellectuels, acteurs politiques et observateurs du terrain tunisien ont été confrontés à la difficulté de comprendre et d’interpréter cet événement qui a provoqué un véritable séisme académique et politique.

Les observateurs ont rapidement évoqué un « effet domino », avec l’espoir de voir se reproduire les scènes de l’avenue Bourguiba à Tunis et de la Place Tahrir au Caire, dans toutes les capitales arabes. Ces ardeurs se sont calmées quelques mois plus tard, lorsque l’islamisme est revenu sur la scène politique par les urnes et à la faveur de l’ouverture démocratique, mais aussi lorsque l’histoire a montré les limites de l’effet d’émulation.

Chacun des pays a pris un chemin différent, changeant à son propre rythme, défini par son histoire, sa structure économique, son régime politique et les contraintes extérieures à son propre système. Mais les reconfigurations qui sont encore en cours ont indéniablement pesé les unes sur les autres.

De la contestation à la crise politique majeure : la rupture tunisienne

En décembre 2011, la contestation a d’abord été dirigée contre les représentants de l’État à l’échelle locale. Mais elle a pour théâtre une région du centre de la Tunisie réputée pour son côté rebelle.


Le mouvement qui est parti de cette région défavorisée du centre du pays fait suite à l’immolation par le feu d’un jeune marchand ambulant de 26 ans, Mohammed Bouazizi, devant le gouvernorat de Sidi Bouzid. Dans les jours et les semaines qui ont suivi cette immolation, le mouvement de révolte enfle et s’élargit à d’autres villes du gouvernorat, à Kasserine, à Gafsa et à Sfax. Les manifestants ont été alors soutenus par des syndicalistes locaux, mais rien n’indique un encadrement par des organisations politiques. Les cadres des partis politiques légaux et illégaux sont pris par surprise.


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