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Co-édition avec Estudios de Política Exterior
Les USA au Moyen-Orient: le facteur militaire
Le risque existe que les interventions nordaméricaines, motivées par la lutte antiterroriste, soient déterminées par le militairement faisable, plutôt que le politiquement désirable.
Marina Ottaway
Étant donné leur condition actuelle d’unique superpuissance, les États-Unis se sentent autorisés à intervenir où et quand ils le considèrent opportun pour sauvegarder leurs intérêts particuliers, protéger leurs alliés et, au moins de leur point de vue, réparer les injustices et faire du monde un endroit meilleur. Fréquemment, l’intervention est de nature militaire, soit sous forme de guerres de longue durée, comme c’est le cas de la Corée, du Vietnam, d’Afghanistan et d’Irak, soit sous forme d’expéditions brèves et presque ridicules, comme à Grenada. Les actions de guerre sont devenues à tel point une partie intégrante de la politique étrangère des USA que le président, Barack Obama, a été accusé d’ « isolationnisme », lorsqu’il a refusé de prêter appui militaire à l’opposition syrienne après 2011. L’une des conséquences de cet interventionnisme est que, dans certains endroits du monde, l’action politique est menée par l’armée américaine, énorme, professionnelle, expérimentée et bien armée, à laquelle, bien qu’elle soit encore strictement soumise à la supervision civile, on a transféré le rôle de responsable politique.
La fonction politique de plus en plus grande que remplit l’armée est évidente, surtout au Moyen-Orient. Depuis toujours, la question de la sécurité a occupé une place centrale dans la stratégie des USA dans la région. Cependant, jusqu’à il y a peu, l’armée ne participait pas décisivement dans le processus de définition de politiques. La prolifération de l’islamisme violent a changé la situation. Le danger existe de voir à l’avenir les actions déterminées par ce qui est militairement faisable plutôt que par ce qui est politiquement désirable. Peut-être l’intervention de cette année en Syrie et en Irak, où l’action militaire s’est développée sans stratégie politique, est-elle un présage des problèmes qui nous attendent.
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