Sport et intégration
Par sa fonction même, le sport provoque la rencontre dans les deux sens du terme : se fréquenter d’une part et s’affronter d’autre part. Nombreux sont les discours sur la pratique sportive accréditant l’idée de ses capacités « intégratrices » sans que l’on sache si l’on parle d’insertion sociale au sens large ou d’intégration des populations immigrées issues de l’immigration. Ainsi, l’idée selon laquelle « occuper » la population notamment masculine, et les jeunes plus précisément, par l’activité physique les empêche de faire des bêtises, voire de sombrer dans la délinquance est fort répandue depuis longtemps. De telle sorte que le métier de travailleur social est largement tourné vers le sport depuis plusieurs années. Vaste champ d’activité d’une société dont il symbolise les valeurs, le sport prend place dans un processus continu de construction identitaire et sociale à l’instar de l’école, du travail ou jadis de l’armée. Chantre de citoyenneté comme l’avait écrit naguère l’historien Pierre Arnaud dans le cas français, le sport est une instance de socialisation où l’on apprend les valeurs de la collectivité par ses principes et ses règles strictes. Théorisée par le sociologue britannico-allemand Norbert Elias dès la fin des années 1930 sous le titre La Civilisation des moeurs, l’idée selon laquelle la pratique sportive a été et reste un moyen de faire reculer la violence, favorisant une pacification sociale, a irrigué bien des analyses sur la question sociale et le fait guerrier tout en alimentant des controverses. Les travaux d’Elias ont beaucoup influencé le regard sur le sport, notamment lorsque celui-ci s’y est directement intéressé alors qu’il était encore le parent pauvre de la recherche avec le Britannique Éric Dunning évoquant le fait que la pratique de la compétition est un facteur de maîtrise de la violence.