Dialogue politique sur le mariage des enfants au Maroc
19 mars 2019 | Conférence | Arabic | MarrakechLe mariage des enfants était au cœur du dialogue politique que l’association Anaouat pour la femme et l’enfant a organisé le 19 mars 2019 à Marrakech. Plus de 40 personnalités, dont le procureur de Marrakech, des porte-parole de plusieurs organisations de la société civile (OSC) et de partis tels que le parti de la justice et développement, l’Union socialiste des forces populaires et le parti Istiqlal, ainsi que des médecins, des journalistes et d’autres parties prenantes ont participé à ce débat. Lors de la rencontre, on a élaboré un plan d’action national pour faire face au nombre croissant de mariages d’enfants qui représentent jusqu’à 16 % de tous les mariages enregistrés au Maroc, selon le Rapport sur le développement humain en Afrique pour 2016, et qui concernent principalement des filles selon l’Unicef (Mariage d’enfants au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 2017).
Outre le consensus sur l’élimination de l’article 20 du Code de la famille (Moudawana), les personnalités participantes ont proposé une série de recommandations importantes, notamment:
– Supervision judiciaire pour s’assurer que des autorisations de mariage à des mineurs ne sont pas données ;
– Formation et éducation sexuelle aux adolescents et enfants dès l’âge de 7 ans ;
– Création de centres de préparation des enfants et des adolescents au mariage et à toutes ses implications sur la famille, le ménage, l’éducation, etc ;
– Pénalisation de tous les acteurs impliqués dans la facilitation du mariage des mineurs.
– Sensibilisations des médecins et des organisations de la société civile et renforcer leurs capacités à lutter contre le mariage des enfants.
– Engagement des chefs religieux dans la lutte contre le mariage des enfants.
– Pression pour l’application des accords internationaux signés par le Royaume du Maroc.
– Mise en place d’une Commission des droits de l’enfant qui bénéficiera des médias pour sensibiliser aux conséquences du mariage des enfants, en particulier des filles mineures.Ce dialogue est la dernière étape d’une campagne menée par l’Association Anaouat dans les trois communes rurales de Sidi Mhammed Dalil, Sid lmokhtar et Mzouda dans la province de Chichaoua pour réduire le nombre de mariages d’enfants de sexe féminin. La campagne a largement réussi à atteindre ses objectifs, puisqu’une charte éthique a été signée par le conseil religieux local et les juges qui se sont engagés à sensibiliser le public au sujet du mariage des enfants. Ces activités ont été mises en œuvre dans le cadre du projet CSO WINS, financé par l’Union européenne et coordonné par l’IEMed en synergie avec l’action de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée.