Il n’y a pas de démocratie sans droit de manifester

Nier la possibilité que les citoyens puissent s’organiser et s’exprimer, même dans l’espace public, est incompatible avec les avancées démocratiques dans les pays arabes.

Isaías Barreñada

Beaucoup de choses ont changé depuis 2011 quand des centaines de milliers de Tunisiens, d’Égyptiens, de Yéménites, de Bahreïniens et d’Algériens ont vaincu leur peur et occupé les rues pour revendiquer leur statut de citoyens et pour exiger des changements économiques et politiques. Depuis lors, la mise en œuvre des processus de changement politique a donné lieu à des réalités très différentes dans chaque pays, comme des guerres civiles ou bien des transitions, certaines frustrées et quelques-unes prometteuses. En tout état de cause, ceci a ouvert la voie à un indubitable élargissement du domaine politique, mais aussi à une appropriation de facto de l’espace public pour la participation des citoyens à des manifestations collectives, soit pour protester, soit simplement pour que des voix minoritaires soient entendues.

En fait, les révoltes sont devenues une réalité dans les rues, avec une présence physique massive et continue d’hommes et de femmes dans l’espace public, en payant pour cela le prix de la répression et de la violence. Les manifestations, les sit-ins, les occupations de places ont accompagné les processus du changement politique, là où ils avaient lieu. Il est indéniable que dans tous les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient les manifestations publiques de tous genres et de formes nouvelles se sont multipliées, portées par des opposants, des travailleurs, des chômeurs, des groupes d’exclus ou des jeunes. Toutes ces années, la rue a été le siège d’une ruche d’activités et il n’y a jamais eu autant d’expression publique et de contestation sociale.

Comment ces phénomènes ont-ils été gérés par les autorités ? Au moment de faire un bilan, on ne peut que constater que la liberté de réunion et de manifestation est une revendication de masse, mais elle n’est pas garantie et, dans la plupart des pays, elle fait l’objet de sévères restrictions. Des mesures qui provoquent à posteriori des explosions violentes et des expressions incontrôlées de protestation, qui terminent dans certains cas par des massacres.

Téléchargez pour lire l’article