Nous ne savons pas où peut nous amener la pandémie causée par la Covid-19, qui a saccadé l’humanité en 2020. Elle doit réagir à ce malheur qui atteint aujourd’hui le monde entier, de façon qu’elle puisse partager pour être sauvée. Il ne s’agit pas de partager dans l’absolu, mais de partager nos ressources, nos recherches et découvertes pour mettre fin à ce signe de souffrance de notre planète. Jusqu’à présent on l’assez maltraitée. Elle souffre et nous le fait savoir par la colère des océans, le feu des forêts, les virus qui voyagent et tuent. Cette immense crise sanitaire a remis les pendules à l’heure : les pendules de la culture et du partage, du dialogue et du respect de l’autre, ce sont les pendules de la démocratie créatrice, inventive et vive.
Il y a en ce moment comme un goût amer du monde. Le Covid-19 est arrivé comme un prophète de malheur pour rappeler à l’homme, qu’il soit riche ou pauvre, puissant ou faible, noir ou blanc, qu’il est l’humanité toute entière et que les divisions qu’il a créées pour se protéger sont artificielles et sans fondement.
Sur la route longue, ardue, imprévisible, compliquée du monde, l’homme ne sait pas ou refuse de savoir que pour qu’il puisse vivre et s’épanouir, il faut qu’il partage. Il ne s’agit pas de partager dans l’absolu, mais nos imaginaires, nos pensées, nos recherches et découvertes sont pour tous. Ce n’est pas les détruire que de les mettre à la portée de tous. Chacun de nous est un archipel de diversités. Nous sommes tous différents, mais nous sommes tous semblables. Nous nous ressemblons et nous sommes condamnés à vivre ensemble dans une planète qui nous appartient et qui nous possède. Jusqu’à présent on l’assez maltraitée. Elle souffre et nous le fait savoir par la colère des océans, le feu des forêts, les virus qui voyagent et tuent.
C’est par la culture, tout ce que l’imaginaire de l’être peut créer, inventer, valoriser, mettre dans la lumière du savoir, toute la poésie du monde, toutes les musiques, les livres, les ballets, les chants, les inventions, le rire, l’humour et l’amour, tout cela fait que le monde est vivable et que la vie mérite d’être vécue pleinement, avec passion, avec ivresse et folie.
Le frémissement du monde ne vient pas de la santé de la Bourse, là où l’argent réel ou virtuel est roi, non, le frémissement du monde, c’est le cœur des hommes et des femmes qui bat pour embellir la vie, la rendre acceptable pour ceux qui souffrent.
Il faut tendre l’oreille et entendre les voix du monde et aussi voir la vie vibrer dans leur lumière. Se reconnaître dans la création des autres, dans la culture, traditions, rites et inventions des autres. Se reconnaître c’est accepter et vibrer au succès de la culture des autres.
Édouard Glissant parle de « la pensée du tremblement ». Pour lui, le tremblement ce n’est pas la peur, ni la catastrophe, c’est au contraire le refus de la servitude, l’esclavage qui, même aboli officiellement continue sous d’autres formes. Il nous dit que « notre pensée doit suivre le tremblement du monde » pour mieux le déchiffrer, pour mieux en faire sortir la poésie dont nous avons besoin comme nous avons besoin de pain et de dignité.
Cette immense crise sanitaire a remis les pendules à l’heure : les pendules de la culture et du partage, du dialogue et du respect de l’autre, ce sont les pendules de la démocratie créatrice, inventive et vive.
Nous sommes fatigués de voir notre belle Méditerranée salie par tant de guerres, de brutalités et d’injustice. Elle est d’une part la rive d’un pays où un barbare s’est permis d’assassiner méthodiquement son peuple, avec l’aide d’autres pays. Il s’agit de Bachar al Assad. L’autre rive de notre Méditerranée est devenue le plus grand cimetière marin du monde. Tant et tant d’hommes et de femmes désespérés s’y sont noyés parce qu’ils voulaient chercher une vie meilleure pour leurs enfants.
Et cette Méditerranée blessée, se trouve aujourd’hui en manque de culture, d’art, de poésie, de joie et de vie.
Le vrai dialogue ne se fait pas dans les officines des ministères. Il se fait dans les rencontres humaines, la découverte de l’autre quelles que soient sa religion, son origine, sa langue ou sa couleur de peau.
J’ai l’habitude et la prétention de dire que la poésie sauvera le monde. Je continue de le croire. Il faut, chaque jour remonter les routes et les forêts du pays du savoir, celui de la lumière, de la beauté et du mystère. Aller dans les champs du possible et faire confiance dans l’intelligence de l’homme tout en restant vigilant. Tant de dictateurs ont exploité cette disponibilité de l’homme pour l’asservir et l’humilier. Voyez comment des chefs d’Etat élus en principe démocratiquement, ont réagi à la pandémie du virus. Très vite ils ont fait le choix de la finance contre la vie. L’économie d’abord, la santé, la vie après, bien après ! Résultat concret : des centaines de milliers de morts. Quant à la culture, elle est ignorée ou piétinée par les bottes de ces dictateurs élus en principe démocratiquement.
Cette immense crise sanitaire a remis les pendules à l’heure : les pendules de la culture et du partage, du dialogue et du respect de l’autre, ce sont les pendules de la démocratie créatrice, inventive et vive
Je suis réaliste et je crois à la culture, à l’éducation, aux rencontres, au dialogue, à la dispute et à la réconciliation. Je ne vois pas le monde comme un objet tout rose, joli où l’homme est bon pour l’homme. Je vois le monde dans une immense et profonde diversité, laquelle appartient à tout homme de par le monde. La diversité, ce n’est pas le confort ou la tranquillité, c’est un mouvement qui bouleverse les certitudes et qui fait réfléchir.
Un exemple de la honte : le laboratoire pharmaceutique Sanofi a déclaré que s’il trouve un vaccin contre le Covid-19, il servira en premier l’Amérique, parce que des Américains ont donné plus d’argent que les Européens ! Ce monde-là est à vomir. Et ce laboratoire, devrait être fermé. Encore une fois l’argent passe avant la vie, avant la santé. Cette barbarie est celle que nous vivons aujourd’hui.
Peut-être, après la fin de la pandémie, peutêtre l’être humain changera quelque chose dans sa manière de voir le monde. On verra. Je suis réaliste et il m’arrive parfois d’être optimiste.