Chrétiens de Syrie : « Notre patrie c’est ici et notre Jésus est d’ici »

Salam Kawakibi

Politologue

 « Le meilleur pays du Proche Orient pour vivre en tant que chrétien, c’est la Syrie »

« Le Président a partagé avec ses concitoyens chrétiens leur célébration de l’anniversaire de la naissance de Jésus, l’émissaire de la paix et de la fraternité. Il a échangé avec eux les vœux dans le patriarcat Orthodoxe qui se trouve sur la même route empruntée par Saint Paul dans la vieille ville de Damas ». Le grand Mufti de la République, présent à cette occasion, avait pris la parole pour évoquer l’importance de cette cérémonie pour les chrétiens comme pour les musulmans. Il a ainsi précisé que la Syrie « donne un exemple parfait pour le monde en matière de cohabitation et d’harmonie entre ses concitoyens de toutes les religions ». Il a souligné le rôle que jouent les chrétiens dans la région et l’importance de leurs actions pour « défendre les lieux sacrés et soutenir leurs frères musulmans ». Pour le grand Mufti, la religion a comme objectif « la promotion de la paix et le rejet de l’extrémisme ».  

Le grand Mufti a assisté à la messe de Noël 2006 à l’église syriaque orthodoxe d’Alep. Il a pris la parole devant l’hôtel de l’église pour évoquer la naissance de Jésus. Un geste symbolique qui a marqué profondément  les esprits.

Les chrétiens de la Syrie montrent souvent leur attachement à leur pays, leurs concitoyens musulmans et leurs dirigeants politiques. Dans les quartiers chrétiens nous pouvons lire des transcriptions comme : « tous les chrétiens (…) dénoncent le mal fait au prophète Mohammad par la presse occidentale ». Ou : « Nous sommes tous avec toi, Bachar ».

Dans une église à Damas, un Monsieur affirme : « la Syrie, avec toutes ses composantes religieuses, est unifiée aujourd’hui contre les Etats-Unis et Israël comme jamais elle ne l’était auparavant ». 

Une image presque utopique de la cohabitation entre les communautés, mais cela n’empêche toujours pas les chrétiens à être tentés par le départ vers l’ailleurs. 

L’histoire d’une migration 

Pour essayer de remonter la chaîne de l’immigration chrétienne de l’Orient arabe, il est important de commencer avec le déclin de l’empire ottoman dans la deuxième moitié du 19ème siècle. En 1860, la montagne libanaise et la ville de Damas ont connu des affrontements sanglants entre les chrétiens et les musulmans. Dans le premier cas, la confrontation était alimentée par les puissances occidentales. D’une part, les Anglais, qui soutenaient les féodaux Druzes, et d’autre part, les Français, qui défendaient les paysans Maronites.  

À Damas, des massacres ont détérioré l’entente entre les musulmans sunnites et les chrétiens orthodoxes. La paix fut rétablie à la suite de l’intervention de l’Emir Abdulkader, des Européens et du pouvoir ottoman. Ces massacres ont stimulé la jeune classe intellectuelle influencée par les principes fondamentaux de la révolution française. Elle considérait que les crises résultent de la politique ottomane. Se joint à cela, l’intervention occidentale, une politique défaillante de la part du pouvoir central, et finalement, une détérioration de la société qui commence à perdre ses repères culturels et humains pour se laisser aller à une escalade de violence et de haine entre ses composants. 

Ces incidents ont poussé une partie importante des chrétiens à choisir l’exil. Leurs destinations étaient l’Égypte, l’Europe et les Amériques. 

A cette même époque, les missionnaires ont formé une classe sociale éclairée. Les intellectuels chrétiens ont contribué fortement à l’émergence du mouvement de la renaissance arabe. Cela était crucial pour atteindre l’indépendance et se libérer de quatre siècles d’occupation ottomane. Un autre départ a été enregistré entre les années 1903 et 1930 lié essentiellement aux conditions économiques. 

L’union entre la Syrie et l’Egypte en 1958, et l’arrivée du parti Ba‘th au pouvoir en 1963, sa politique socialiste a poussé une migration général dans les rangs de la classe bourgeoise mais cela était plus ressenti chez les chrétiens. Ainsi, la nationalisation des écoles des missions dans le milieu des années 1960 a été un autre incitateur. Entre 1978 et 1982, la Syrie a connu des affrontements sanglants entre les forces du pouvoir et des mouvances islamistes radicales. Une sonnette d’alarme a resurgie chez les chrétiens même s’ils n’étaient pas directement concernés. 

L’islamisme montant incite la migration:

Une question se pose par tous les Syriens et en particulier par les chrétiens : Y a-t-il « un vrai danger islamiste »  qui menace l’harmonie de la société syrienne ? Depuis la création de l’Etat moderne, la Syrie a connu un mouvement de réforme séculaire et une école d’interprétation qui ont pu influencer une société très marquée par la religion. Depuis la fin du 19ème siècle, des écrits ont traité la question religieuse sous trois angles : l’interprétation, la manipulation et la récupération. Cela a été suivi par la création des partis laïcs et le développement d’une spiritualité « purifiée » indépendamment de la sphère politique. Les années 40 et 50 ont connu un développement socioculturel loin du champ religieux et la création d’une plateforme nationale. 

Dans les années 60 et 70, les idéologies progressistes et libérales avaient bien marqué la société malgré la nature autoritaire du système politique. Le développement, presque sans tabous religieux, de la production artistique et littéraire durant cette période n’est pas étrange à cela. Durant toutes ces années, l’islam politique en Syrie était incarné par les Frères Musulmans qui siégeaient dans les années 50 au parlement démocratiquement élu, phénomène rare, dans l’histoire de la Syrie contemporaine. Des affrontements violents, entre le début des années 60 et la fin des années 70, ont mis fin à cette « cohabitation » sur la scène politique syrienne. Depuis, le pouvoir s’est orienté vers la création d’un Islam officiel. Actuellement, un net regain de la pratique de la foi s’observe. Le nombre de femmes portant le voile a crû, les livres de nature religieuse ont beaucoup de succès, et les cercles d’études religieuses se multiplient. Il y a aussi une monté de l’expression religieuse dans les pratiques sociales et culturelles. De toute évidence, le régime laisse faire, lâche du lest par rapport à la religion majoritaire. Le danger serait que les autorités perdent le contrôle du phénomène qu’elles tentent de canaliser. Les prêches sont surveillés, mais de petites mosquées échappent à ces contrôles. Et certains cours d’islam pour femmes, tournent au lavage de cerveau. A l’occasion du ramadan 2004, un juge a condamné un syrien pour avoir fumé devant son magasin pendant le jeûne. 

Malgré l’adoption théorique des principes de la laïcité par le pouvoir, les manuels scolaires en matière religieuse contiennent une dose élevée de conservatisme. La tolérance est minime en ce qui concerne les autres « sectes » de l’Islam ; en revanche, elle est présente pour les chrétiens. Même l’opposition « laïque » essaye d’intégrer les références religieuses dans son discours en cherchant élargir son impact au sein de la société conservatrice. La montée de l’islamisme inquiète le régime politique, mais aussi les forces démocratiques et libérales dans la vie politique syrienne. Le régime craint pour sa stabilité, de son côté, l’opposition craint de remplacer le despotisme politique par un despotisme religieux. Malgré les messages « rassurants » des islamistes, la peur se renforce. Elle touche même un aspect supra politique : les chrétiens ont peur de perdre leur liberté religieuse acquise grâce au régime. Les normes socioculturelles des mouvements islamistes renforcent cette méfiance. 

Le discours des islamistes rassure les chrétiens, considérant que le régime profite de ce climat de crainte pour les convaincre à le maintenir. Le régime reste donc le refuge de toutes les minorités que « le danger islamique risque de ravager ».  

Qu’en pensent les concernés ?

« Je suis fier d’être syrien et arabe. En revanche, il m’est difficile d’encourager mon fils de continuer sur le même chemin (…). J’ai déjà refusé une offre juteuse pour aller travailler à l’étranger. Je me rends compte maintenant que j’ai commis une grosse faute (…). Pourquoi nous courrons derrière les visas ? Parce que nous ne pourrions plus accepter d’être considérés comme des étrangers dans notre pays ». Ce témoignage explique un ressentiment général. Les dirigeants de l’Eglise sont inquiets. Ils considèrent que le plus fâcheux, c’est de se sentir obligé de quitter la terre natale de cette religion. De plus, cette migration prive la société de l’un de ses piliers et prive la religion chrétienne de sa profondeur culturelle. 

Les autorités religieuses expriment une grande reconnaissance à l’égard du régime pour son ouverture sur les minorités et son instauration d’une « stabilité » qui rassure leurs ouailles. Pour comprendre cette attitude, on peut parler d’un « compromis ». Ces autorités religieuses « montrent une soumission au pouvoir central qui peut se transformer en partage d’intérêts ». Le soutien presque inconditionnel aux mesures politiques prises par le pouvoir semble recueillir l’unanimité au niveau du discours annoncé. Cette attitude n’est propre aux religieux mais elle est partagé par une bonne partie de la société chrétienne qui s’effraye de ce qui arrive aux voisins en Irak. 

L’évêque Giorgios Abou Zakham souligne que l’immigration des chrétiens de certaines régions rurales vers les grandes villes est due principalement à l’absence du développement économique dans ces mêmes régions. L’évêque Matta Rohom considère que les empreintes de la période ottomane subsistent toujours. Pour lui, les Occidentaux, qui prétendent être laïcs, encouragent le départ des chrétiens. « Ce n’est pas par amour », mais l’Occident essaye de vider la région de ses chrétiens. Ainsi, il trouve que l’Occident est responsable de la monté de l’intégrisme: « Les Français ont ramené Khomeiny en Iran et les Etats-Unis soutiennent l’Arabie Saoudite ». Mais quelle est la responsabilité des Syriens dans toute cette panoplie géopolitique ? Notre évêque souligne timidement qu’il se peut que la pression des services de renseignement pousse certains à penser à immigrer : « ils se mêlent dans la vie des citoyens dans tous ses détails ». L’évêque Jean-Clément Jambart explique son rôle au sein de la communauté : « Nos fidèles constituent une minorité et ils se sentent laissés pour compte (…). Ils sont mal à l’aise, ils aspirent à une autre qualité de vie. Je me trouve obligé de les assister. (…) Je dois leur donner la possibilité de se marier, de trouver un emploi, de rester au pays ». 

Cela lui semble une grande tâche qu’il est prêt à affronter, car les chrétiens avez été « sauvegardés des vicissitudes de l’histoire pendant deux mille ans. (…) Nous sommes des missionnaires providentiels auprès de nos concitoyens dans ce pays tourmenté, car nous partageons sa culture, son histoire, sa langue … Je ne veux pas que (…) ces missionnaires, mes fidèles, s’enfuient (…) ». Pour apporter des solutions concrètes au départ des jeunes, « il y a un effort d’éducation, de sensibilisation, de formation au sein de l’église. Car le vrai bonheur, c’est surtout savoir se satisfaire de ce qu’on a ». L’archevêque Antoine Odo explique que les chrétiens d’Orient ont à reconsidérer leur mission dans des pays qui leur deviennent hostiles. Pourquoi continuer à envisager son existence dans un pays « qui n’offre plus guère aux jeunes que des incertitudes ? ». Les jeunes cherchent un meilleur avenir et pour les persuader de rester, il faut leur donner de l’espoir et des alternatives. 

Dans un débat réalisé en Mars 2006 sous le thème de l’immigration, les deux évêques Jeanbart et Odo étaient présents. Leurs discours étaient une tentative de rassembler les esprits sur la nécessité de rester au pays « qui nous offre toute la citoyenneté et la prospérité ». Jeanbart a même dénoncé ceux et celles qui désirent chercher des solutions ailleurs. Odo était plus nuancé en reconnaissant l’existence d’un vrai problème. Quelques interventions de la salle ont souligné un décalage entre le discours religieux « officiel » et la réalité ressentie par les jeunes. Un des intervenants a souligné l’existence d’une étude sur ce sujet qui n’a jamais été exploité. Le chiffre qui a été avancé était alarmant pour la sale : il ne reste en Syrie que 4,7% des chrétiens. Leur nombre s’élevait à plus que 15 % au début des années 1970. Les deux évêques ont essayé de contester ces chiffres. En revanche, ce chiffre est revue à la baisse par plusieurs religieux qui ont requis l’anonymat : « nous ne sommes pas plus que 3 % » disent les uns, pour les autres « nous sommes encore en dessus de la barre de 5 % ». Il est cependant presque impossible de trouver des statistiques réalisées par l’église ni par l’Etat. Aucune volonté d’une part et d’autre de souligner cette hémorragie. 

L’évêque Esidor Battikha prône quant à lui un langage moins nuancé : « la Syrie était chrétienne et les musulmans viennent de loin. Cette terre est très importante pour la mémoire des chrétiens ». Il s’inquiète de ce qu’il entend des jeunes chrétiens quand ils considèrent que « cette terre n’est pas pour nous, nous ne sentons pas que nous avons un avenir ici ». Il constate que même avec les efforts de l’Etat, il n’y a pas une vraie égalité entre les chrétiens et les musulmans. L’Occident « propose la liberté, l’égalité et la laïcité à nos jeunes. Trois piliers de la vie moderne dont ils sont demandeurs ».  

Il est important de regarder chez les voisins iraquiens pour comprendre la peur chez les chrétiens de Syrie. Ceux de l’Irak sont obligés de quitter leur pays et arrivent en Syrie chargés de récits sur les destructions, les assassinats, les interdictions de prier, les humiliations et les atteintes aux églises. 

Dans la conférence des archevêques catholiques en Orient, qui a eu lieu au couvent Bizmar, au Liban, du 16 au 20 octobre 2006, la question de l’immigration a été à l’ordre du jour : de 53 villages chrétiens dans la région de Naplouse en Palestine, il ne reste aucun ; le nombre des chrétiens de Jérusalem s’est réduit de 50 mille en 1945 à moins de 5 mille en 2005. Ainsi, le nombre d’Arméniens catholiques au Liban, Syrie, Irak, Turquie, Jordanie et Palestine ne représente que 17 % de leur nombre dans les pays d’immigration. La conférence renvoie les raisons de ce départ à « l’autoritarisme des régimes ». Un rapport a été présenté à cette occasion sur l’avenir des chrétiens dans la région. Il a mis l’accent sur les difficultés que les chrétiens affrontent dans tous les domaines. Il a appelé à l’harmonisation des efforts entrepris par les églises pour faire face à ce phénomène. L’église ne peut, d’après ce rapport, qu’encourager les chrétiens à ne pas quitter leurs pays. C’est aussi à l’Etat de réaliser des projets afin de les maintenir. Les autorités religieuses considèrent qu’il faut éviter de développer le sentiment d’être une minorité faible chez les chrétiens, et celui de domination chez les musulmans. 

Le Père Adib Khoury, du monastère Saint Moïse l’Ethiopien dans la région de Damas, ne veut pas croire que les chrétiens immigrent à la recherche de la sécurité et la stabilité. Le besoin économique est pour lui la cause principale : « Je vous renvoie à la fin du 19ème siècle, où il y avait une immigration chrétienne massive, cela n’a pas empêché les immigrés à rester très liés à leurs pays d’origine et à défendre ses intérêts à l’étranger. Ils ont été les précurseurs de l’idéologie panarabe ». Il critique l’action non harmonisée et timide des autorités religieuses : « Chacun travaille à sa manière sans stratégie claire ». 

Conclusion :

« La question n’est plus : on reste ou on s’en va, mais comment partir et comment rester ? » 

Le retour en force des occidentaux dans la région après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990 a remit de nouveau les minorités chrétiennes en difficulté. La guerre en Afghanistan, le 11 septembre 2001 et leurs retombés n’ont pas arrangé la situation. Les médias arabes ont fait souvent la liaison entre ces interventions dans la région et le retour de l’idéologie « envahissante » des nouveaux Croisés. Des voies s’élèvent dans les mosquées pour réclamer le départ des « Juifs et des chrétiens » de la région. L’amalgame est vite fait et les arabes chrétiens risquent de payer le prix. Face à l’obscurantisme, des mouvances laïques essayent de réagir, mais sans marge de manœuvre à cause de l’intimidation des autorités politiques et celle de la société conservatrice.
Il ne semble pas – pas encore – que l’on puisse parler d’une migration massive des chrétiens de Syrie. Ce que l’on peut observer dans ce domaine, ce sont les faits suivants : 

Suite au chaos irakien et l’évolution de la situation au Liban, il se développe dans les communautés chrétiennes de Syrie un sentiment de précarité. L’avenir des chrétiens dans la région est perçu comme de plus en plus sombre, menacé, compté. En Syrie même, certains chrétiens se disent inquiets des formes que prend la montée constante de la religiosité chez certains musulmans. Une partie d’entre eux est sous l’influence de la propagande officielle qui « voit des Frères Musulmans partout » et qui tente de faire croire, en exploitant de façon pas toujours adroite des faits peut-être réels, que les « fondamentalistes », les « wahhabites », les « salafistes » et les « takfiris », sont prêts à passer à l’attaque contre l’Etat et la société. Le seul salut résiderait donc dans le maintien du statu quo.
Une autre partie, qui voit bien où va la manipulation de la « menace islamiste », s’interroge sur la politique menée dans ce domaine. Le développement de la religiosité jusque dans les rangs du parti Ba‘th et le recours désormais systématique aux religieux, faute de partis politiques dignes de ce nom, pour manifester l’unité nationale, est source de préoccupation pour les laïcs. Ceux-ci ont vu un mauvais signal dans le refus du pouvoir d’autoriser une nouvelle association qui se donnait pourtant pour objectif de « préserver la laïcité de l’Etat ». D’autres se demandent si les chrétiens ne vont pas finir par être pris en otage ou faire office de tampon, dans les affrontements inter musulmans déjà en cours en Irak et désormais redoutés au Liban. Les responsables religieux chrétiens s’efforcent de convaincre leurs ouailles que la solution ne réside pas dans la fuite. Mais ils manquent d’arguments convaincants : si la situation économique s’est beaucoup améliorée pour le 10 % de la population qui tirent profit des réformes économiques, elle s’aggrave pour le reste. 

On trouve aujourd’hui de tout : des chrétiens qui jurent qu’il ne quitteront jamais la région ; d’autres qui hésitent à sauter le pas ; d’autres qui sont déjà engagés dans une démarche de départ. Les uns et les autres usent d’arguments politiques, économiques, sociaux, religieux, culturels… identiques. Le « repli » des idéologies, ainsi que l’affaiblissement des courants laïques, l’avortement des expériences démocratiques, l’échec des tentatives de développement socio-économique, l’amplification des mouvements intégristes, forment un ensemble de facteurs qui incite les chrétiens à l’immigration. La solution, là comme ailleurs, passe par l’instauration d’une démocratie qui permette aux individus de transcender leurs appartenances primaires (tribales, claniques, régionales, religieuses…) et de se mobiliser pour la mise en oeuvre de programmes politiques et économiques dans lesquels ces données n’ont plus de signification. La démocratisation de la vie publique en Syrie, d’après Père Paolo Dall’Oglio, « n’est pas une exigence extérieure. C’est un désir profond ressenti à l’intérieur ». 

« Ici et là en Syrie, on commence à rencontrer certains de ces jeunes que tout pousse à partir et qui pourtant, sans trop pouvoir dire pourquoi, décident de rester. (…) Engagés dans les nombreux mouvements de jeunes des différentes Eglises, ils résistent joyeusement à un avenir sombre qui apparaît pourtant inéluctable », dit François le Forestier de Quillien, Volontaire à Alep pour l’Organisme catholique de coopération internationale. Faut-il partager la dimension spirituelle dans l’explication d’une certaine résistance au départ ? La réponse à cette question ne peut être facile dans un paysage opaque qui mélange le spirituel, le besoin économique et le désir de liberté. Finalement, l’évêque Esidor Battikha insiste : « nous percevons en tant que chrétiens, malgré la dureté ressentie de la vie ici, que nous allons être moins considérés à l’étranger. Notre patrie c’est ici et notre Jésus est d’ici »

Notas

[1]. Palabras del escritor norteamericano Glan Chancy, en www.all4syria.org (1/11/2006).

[2]. Este artículo forma parte de un estudio efectuado en el marco del proyecto CARIM (www.carim.org).

[3]. Syrian Arab News Agency, 25 de diciembre de 2006.

[4]. Ídem.

[5]. Ídem.

[6]. Ídem.

[7]. Ibíd, p. 227.

[8]. Shams al-Din Rifâ‘î, Târîkh al-sihâfa al-sûrîya (Historia de la prensa siria), tomo I, El Cairo, edición Dâr al-Ma‘ârif, 1969, p.71.

[9]. Representada por la Declaración de Damasco por el cambio democrático (octubre de 2005).

[10]. Mounir al-Ghadban : «Les chrétiens de Syrie: n’ayez pas peur de la démocratie sur votre destin dans la région», en www.levantnews.com, 26 de noviembre de 2006.

[11]. Ídem.

[12]. Padre Paolo Dall’Oglio, responsable del «Deïr Mar Moussa el-Habashi » (Monasterio de San Moisés el Etíope) en la región de Damasco.

[13]. Entrevistado el 15 de noviembre de 2006.

[14]. Entrevistado el 25 de diciembre de 2006.

[15]. Ídem.

[16]. Ídem.

[17]. Jean-Clément Jeanbart, entrevistado en Alepo por François le Forestier de Quillien en noviembre de 2006.

[18]. Ídem.

[19]. Ídem.

[20]. Antoine Odo, entrevistado en Alepo por François le Forestier de Quillien en noviembre de 2006.

[21]. Diario al-Akhbar («Noticias»), de 22 de octubre de 2006, Beirut.

[22]. Entrevistado el 20 de noviembre de 2006.

[23]. Unsi al-Haj, diario al-Akhbar del 26 de octubre de 2006, Beirut.