Arnaud de Villeneuve, l’Islam et la prophétie de la Sibylle Érythrée

Jaume Mensa

Professeur de Philosophie de l’Universitat Autònoma de Barcelona

Dans les œuvres d’Arnaud de Villeneuve, l’Islam est présenté comme un phénomène historique. Et, comme tout phénomène simplement historique, il doit avoir une fin. Dans les œuvres de la polémique de Paris (1299-1301), Arnaud de Villeneuve est convaincu que l’heure dernière n’est pas encore arrivée (il croit donc qu’une croisade serait inutile). Par contre, vers la fin de sa vie, dans ses dernières œuvres (1309-1310), Arnaud de Villeneuve affirme que « le moment est maintenant arrivé où leur religion [l’islam] doit cesser d’exister », et il fait même des gestions pour que le titre de roi de Jérusalem soit attribué à Frédéric de Sicile. La prophétie de la Sibylle Érythrée a déjà été utilisée dans ses premières œuvres pour calculer les temps où l’Islam devait arriver à sa fin. La polémique entre Arnaud de Villeneuve et Martin d’Ateca – que l’on peut reconstruire grâce à l’Antidotum… – sur des aspects concrets de ce calcul a sûrement influencé le changement de point de vue d’Arnaud. Une étude de l’interprétation qu’Arnaud de Villeneuve a faite des textes de la prophétie de la Sibylle permettrait de mieux comprendre le changement de propositions.


Remarque préliminaire

Les rapports entre Arnaud de Villeneuve et l’Islam, les idées du médecin catalan sur les croisades, leur évolution, les propositions qu’il fit dans ce sens aux rois Jacques II de Catalogne-Aragon et Frédéric de Sicile, ou même encore le contenu et la possible origine arnaldienne des Tractatus contra passagium ad partes ultramarinas — œuvre naguère découverte dans le codex du fonds Gaslini A. IX. 27 de la Bibliothèque Universitaire de Gênes – sont divers thèmes qui ont attiré l’attention et l’intérêt des arnaldistes. Dernièrement, par exemple, le professeur Sebastià Giralt a réalisé une étude qui fournit une bonne vision d’ensemble et une bibliographie de base sur ce sujet.1

L’objectif de notre article est très concret et limité. D’une part, nous nous proposons d’analyser certains fragments du Raonament d’Avinyó dans lesquels Arnaud de Villeneuve compare l’Islam au christianisme et, d’autre part, nous reconstruirons l’interprétation arnaldienne des vaticinations attribuées à la Sibylle Érythrée sur les événements les plus importants qui précéderont la venue de l’Antéchrist et la fin du monde, telle qu’elle est exprimée dans le De tempore adventus Antichristi. Dans cette interprétation, la fin de l’Islam est présentée comme le dernier fait significatif qui précédera la venue de l’Antéchrist. L’Islam y apparaît donc comme un phénomène historique – c’est-à-dire comme un phénomène doté d’un commencement, d’une évolution et qui aura une fin – particulièrement déterminant dans le dynamisme de l’histoire de l’humanité.

Mahomet et l’Islam dans le Raonament d’Avinyó

Le Rahonament fet per Maestre Arnau de Vilanova, en Avinyó, denant lo Papa e Cardenals, de les visions del[s] reys Jaume d’Aragó e Frederich, rey de Sicília, son frare n’est pas,2 comme le titre pourrait le laisser entendre, l’exposé original d’Arnaud de Villeneuve, à Avignon, des rêves et des plans des rois Jacques et Frédéric, mais plutôt ce qu’on pourrait appeler une évocation ou une reproduction dudit exposé devant Jacques II, en janvier 1310, alors que l’armée du roi assiégeait la ville d’Almería. Jacques II, averti par les franciscains de la Curie pontificale qu’on l’avait accusé de douter de sa foi, demanda à Arnaud qu’il s’y présentât pour donner des explications. C’est ce que fit Arnaud, qui se rendit à Almería et y lut le Raonament d’Avinyó. Dans cet écrit, Arnaud certifie qu’il expose en catalan les mêmes mots « ou les mêmes phrases » qu’il a prononcés – « en latin » – à l’audience de la cour papale d’Avignon, devant le Pape et les cardinaux (168/11 ; 168/9-10). Il semble cependant que la reproduction et la traduction n’aient été aussi « semblables » à l’original qu’Arnaud de Villeneuve l’affirmait, au moins quant aux propos concernant les doutes de foi attribués à Jacques II de Catalogne-Aragon et à Frédéric de Sicile. En fin de compte, Jacques II perd confiance en Arnaud de Villeneuve pour ce motif. Cet incident marque un point d’inflexion dans la relation entre Jacques II et Arnaud de Villeneuve.

L’islam y apparaît comme un phénomène historique particulièrement déterminant dans le dynamisme de l’histoire de l’humanité

Dans le Raonament d’Avinyó, après une explication sur les circonstances de l’audience papale, Arnaud de Villeneuve rappelle ce qu’il va exposer, en tant qu’anafil (divulgateur) (168/13) de Jésus-Christ de prime abord, puis en tant que « courrier et coursier desdits » (169/8-9) rois. En tant qu’anafil, il dit que a) « le siècle en cours […] verra la fin du monde » (169/14-15) ; b) le peuple chrétien est celui qui ment le plus ; et c) la cause de cette dernière déviation est le mauvais exemple donné d’une part par les prélats ecclésiastiques et les princes chrétiens, et de l’autre par les religieux. En tant que « courrier » des rois cités auparavant, Arnaud de Villeneuve dénonce que : a) « Dieu les a inspirés et unis pour annoncer la vérité du christianisme en tout lieu » (218/1-3) ; b) « tous deux ont commencé à annoncer ensemble cette vérité » (218/17-19) ; en donnant l’exemple et en promulguant une ordonnance ; et c) « » (220/12-14).

En ce qui concerne notamment l’argumentation relative à la thèse mentionnée ci-dessus, selon laquelle le peuple des chrétiens est celui qui ment le plus, nous trouvons de nombreuses références à l’Islam et à Mahomet. Voici ce que dit exactement sa thèse : « Dans le monde entier, il n’y a aucun peuple, de la religion que ce soit, aussi menteur que le peuple chrétien dans sa loi, et ceci dans la majorité des cas, car la plupart des chrétiens sont, par leurs faits et gestes, des mahométains et non pas des chrétiens. » (170/7-10). Le fondement du christianisme n’est autre que la vie et la doctrine de Jésus-Christ ; cette vie et cette doctrine consistent en deux choses : « La première est de désirer, aimer, vouloir et veiller avec diligence sur tout ce qui appartient au bonheur éternel ou célestial ; l’autre, par amour de celui-ci, est de mépriser tout ce qui se réfère au bonheur temporel, c’est-à-dire les richesses, les honneurs du siècle et les plaisirs corporels », (170/17-22). Étant donné que de nombreux chrétiens font justement le contraire, ils ne sont donc pas de véritables chrétiens, mais des mafumedans, des adeptes de Mafumet qui enseigne, en paroles et en actes, la voie des honneurs, des richesses et des plaisirs corporels : « Puisque les chrétiens font normalement le contraire, c’est-à-dire qu’ils s’efforcent davantage à désirer, aimer, vouloir et obtenir les honneurs du siècle, les richesses et les plaisirs corporels, soit ce que Mahomet a enseigné en paroles et en actions, ils sont, pour la plupart, en faits et en actions, des mahométains et non pas des chrétiens. En effet, dans leurs études et leurs actions, ils suivent Mahomet et non pas le Christ. » (171/3-12). Plus encore : dans la mesure où ils persévèrent dans leur comportement, ces chrétiens « s’acheminent vers la condamnation » : « J’affirme donc qu’étant donné que l’écriture évangélique contient en soi la vérité éternelle, qu’on ne peut modifier et à laquelle on ne peut manquer, tous ceux qui aiment les honneurs et les richesses ainsi que les plaisirs du siècle et qui persévèrent dans cet amour sont sur la voie de la perdition. Ils sont, en effet, des ennemis de Dieu puiqu’ils suivent Mahomet, en faits et en actions, et se détournent de Jésus-Christ. » (172/21-173/3).

La vérité du christianisme consiste à aimer tout ce qui appartient au bonheur céleste ; la loi de Mahomet consiste, à l’inverse, à rechercher les honneurs, les richesses et les péchés de la chair

Il est sous-entendu que les chrétiens sont plus faux que les musulmans de par le fait qu’ils connaissent positivement la loi évangélique de Jésus-Christ, mais ne la suivent pas ; en revanche, les musulmans sont conséquents avec leur loi. Le chrétien qui affirme suivre Jésus-Christ, mais qui de facto agit comme un musulman est un «  faussaire » ; au contraire, le fidèle musulman n’est pas un « faussaire » car il suit en toute bonne foi la loi de Mahomet. Il faut remarquer qu’Arnaud de Villeneuve fait référence à une situation de facto, et non pas de iure. Il y a une conviction implicite dans cette argumentation : la loi (c’est-à-dire la religion) de Jésus-Christ et la loi de Mahomet sont absolument contradictoires. La vérité du christianisme consiste à aimer tout ce qui appartient au bonheur céleste et à mépriser tout ce qui appartient au bonheur temporel ; la loi de Mahomet consiste, à l’inverse, à rechercher les honneurs, les richesses et les péchés de la chair.

Qui est la Sibylle Érythrée ?

À l’époque d’Arnaud de Villeneuve, on croyait que la Sibylle Érythrée était originaire de Babylone, qu’elle était contemporaine de l’époque de la guerre de Troie.3 Son oracle, inspiré par Dieu, aurait annoncé la venue de Jésus-Christ et les faits les plus importants de l’histoire de l’humanité. Arnaud de Villeneuve rappelle qu’Augustin d’Hippone et Isidore de Séville auraient cautionné cet oracle. Mais, en réalité, le texte latin (ou plutôt les textes, parce qu’il y en a deux versions) qui circulait à l’époque d’Arnaud de Villeneuve et qui est attribué à la Sibylle Érythrée – du moins c’est l’hypothèse avancée dans la récente étude de Jostmann – n’est pas la traduction d’un opuscule écrit dans une autre langue, mais la rédaction originale provenant de la curie papale et datant des années 1240-1250 (la version courte serait de 1241 et la version longue de 1249), probablement de la main d’un proche du cardinal Jean de Tolède.4

La Sibylle Érythrée dans le De tempore adventus Antichristi

Dans les ouvrages théologiques de la période polémique (1297-1305), et surtout dans ceux des premiers temps, Arnaud de Villeneuve cite treize fois la Sibylle Érythrée.5 Il le fait pour confirmer et pour justifier son propre calcul apocalyptique, c’est-à-dire – si nous utilisons les termes de la huitième thèse ( assertio ) de la fin du De tempore adventus Antichristi –pour affirmer que le temps de la persécution de l’Antéchrist arrivera « en quatorze cents après la naissance du Christ, approximativement l’an soixante-dix-huit [!?] du siècle actuel [1378] ».6 On trouve l’une des citations arnaldiennes les plus complètes de la Sibylle dans l’œuvre De tempore adventus Antichristi. Cette œuvre, telle qu’elle nous est arrivée, est le résultat d’un processus où l’on peut clairement distinguer deux temps. Dans un premier temps, en 1297, Arnaud aurait écrit le noyau du traité et dans un deuxième temps, en 1300-1301, il aurait ajouté une partie de la réponse aux objections des théologiens de Paris ainsi que les thèses de la fin.7

La Sibylle Érythrée a prédit les grands événements du monde jusqu’au jugement dernier : la venue du Christ, les rois grecs et romains, l’apparition et le développement de l’islam

La Sibylle Érythrée a donc prédit les grands événements du monde jusqu’au jugement dernier : la venue du Christ, les rois grecs et romains, l’apparition et le développement de l’Islam, depuis le début de leur « règne » jusqu’à leur fin, l’apparition des ordres mendiants, l’avènement de l’Antéchrist, le retour de Jésus-Christ et le jugement dernier qui s’en suivra. Tous les faits prédits par la Sibylle se sont accomplis jusqu’alors, c’est-à-dire jusqu’à l’expulsion du roi Charles (d’Anjou) de Sicile (fait contemporain à l’époque où Arnaud de Villeneuve écrit le De tempore adventus Antichristi). Arnaud de Villeneuve continue en disant qu’il ne reste plus, jusqu’à l’arrivée de la fin des temps, que quatre événements parmi ceux qui ont été annoncés par la Sibylle et qu’ils sont séparés les uns des autres par un intervalle d’environ vingt-quatre ans. Ces quatre événements sont : la réunion de l’Église grecque avec l’Église latine, la fin de la « nation barbare » (c’est-à-dire de l’Islam), la venue de l’Antéchrist et, finalement, celle du Christ. Selon ce calcul serré de la Sibylle Érythrée – tout du moins c’est la conviction d’Arnaud de Villeneuve – la « dissipation de la nation barbare » ou, en d’autres termes, le « négoce des Sarrasins » se produira vers la moitié du XIVe siècle, étant donné qu’il ne se passera pas plus ( ut plurimum ) de vingt-quatre ans entre la venue de l’Antéchrist, calculée autour de 1368, et la disparition de l’Islam. En effet, si nous prenons l’année 1295 comme mesure moyenne de la date d’expulsion du roi Charles II – année où Frédéric fut proclamé roi (proclamé le 15 janvier 1296 et couronné le 25 mars 1296) – ou une année ultérieure (souvenons-nous qu’en 1302, année de la Paix de Caltabellota, Arnaud de Villeneuve a déjà écrit le texte que nous évoquons) et que nous y ajoutons 72 ans (c’est-à-dire le résultat de la multiplication des trois événements qui restent jusqu’à la manifestation complète de l’Antéchrist par les vingt-quatre ans maximum qui s’écouleront entre chaque événement), nous obtenons la date limite de 1368.8

***

La Sibylle Érythrée joue un rôle relativement important pour l’ensemble des autorités invoquées dans le Tractatus de tempore adventus Antichristi ainsi que dans les œuvres immédiatement postérieures, comme, à titre d’exemple, le De mysterio cymbalorum, la Philosophia catholica et divina ou l’Apologia de versutiis atque peruersitatibus pseudotheologorum et religiosorum, mais elle perd progressivement de l’importance, au fur et à mesure que la polémique eschatologique avec les théologiens professionnels avance,9 pour être remplacée, au moins en partie, par d’autres révélations particulières, comme par exemple l’oracle de Cyrille ou celui qu’Arnaud de Villeneuve attribue à Hildegarde de Bingen.10 Selon l’interprétation d’Arnaud, comme nous l’avons vu, la Sibylle Érythrée annonce, outre les faits historiques qui s’étaient déjà produits à l’époque – comme la venue de Jésus-Christ – des faits qu’Arnaud de Villeneuve croyait imminents : la réunion de l’église orientale avec l’Église latine, la conversion de l’Islam au christianisme, la venue de l’Antéchrist et les jours derniers. Il ne semble cependant pas qu’il y ait dans les textes de la Sibylle Érythrée une base textuelle suffisamment claire pour affirmer qu’un écart de vingt-quatre ans s’écoulera entre un fait et l’autre. Il s’agit donc d’une supposition d’Arnaud. Il semble que Martin d’Ateca lui objecte ce fait et qu’Arnaud s’en défende dans l’Antidotum contra venenum effusum per fratrem Martinum Athecae. Sans cette supposition de vingt-quatre années d’écart entre chacun des événements restants, les prédictions eschatologiques de la Sibylle Érythrée sont trop génériques pour les intérêts d’Arnaud. Cette raison, outre le fait que la Sibylle ne disqualifie pas les ordres mendiants − les dominicains sont, rappelons-le, les adversaires d’Arnaud de Villeneuve à l’époque − mais qu’elle leur attribue un rôle plutôt positif, explique le fait qu’Arnaud la remplace par les deux prophéties mentionnées auparavant, beaucoup plus critiques envers les dominicains. La séquence des événements prophétisés y a peut-être aussi contribué. À un certain moment, par exemple entre 1305 et 1309, la conversion de l’Islam devient très importante pour Arnaud de Villeneuve et il croit qu’elle est plus ou moins imminente (et peut-être donc antérieure à la réunion des Églises latine et grecque).

Arnaud reproduit un fragment de la Sibylle : il semble que la deuxième partie du fragment cité soit pratiquement littérale.11 En revanche, la première partie ( regnante Tauro pacifico ) ne provient pas de la prophétie Érythrée, mais de la Sibylle Tiburtina ou Abulnea.12 L’interprétation arnaldienne de l’oracle de la Sibylle Érythrée ne constitue qu’un élément de plus de ce thème complexe : Arnaud de Villeneuve et l’Islam. Il y a, sans aucun doute, encore beaucoup de choses à dire et à étudier à cet égard. Espérons que l’œuvre ou les œuvres découvertes par Josep Perarnau dans le manuscrit de la bibliothèque universitaire de Gênes, mentionné au début de cet article, dont tout laisse penser qu’elles sont arnaldiennes, permettront de d’éclaircir cette problématique.13

Notas

[1]. Cf. Sebastià Giralt, « Dissipabitur secta Mahometi ». Croada i profecia en Arnau de Vilanova, sous presse, V Congrés Internacional de Llatí Hispànic Medieval.

[2] Arnau de Vilanova, Raonament d’Avinyó, éd. Miquel Batllori, Obres catalanes, I (Els Nostres Clàssics, A, 53-54), Barcelona, Barcino, 1947.

[3] Cf. Arnaldus de Villanova, Artem catholicae philosophiae (Philosophiam catholicam), 120/946-958, éd. Josep Perarnau, «L’Ars catholicae philosophiae»,Arxiu de Textos Catalans Antics 10 (1991), pp. 7-223.

[4] Christian Jostmann, Sibilla Erithea Babilonica. Papsttum und Prophetie im 13. Jahrhundert, Hannover, Hahnsche Buchhandlung, 2006, p. 344-368.

[5] Cf. Jaume Mensa i Valls, Les raons d’un anunci apocalíptic. La polèmica escatològica entre Arnau de Vilanova i els filòsofs i teòlegs professionals (1297-1305): anàlisi dels arguments i de les argumentacions (Col·lectània Sant Pacià, 61), Barcelona, Facultat de Teologia de Catalunya, 1998, p. 149, nº 88.

[6] Arnaldus de Vilanova, De tempore adventus Antichristi,1519-1522,éd. Josep Perarnau, Arxiu de Textos Catalans Antics 7/8 (1988-1989), p. 169. Sur la date, cf. Gian-Luca Potestà, «L’anno dell’Anticristo. Il calcolo di Arnaldo di Villanova nella letteratura teologica e profetica del XIV secolo», Rivista di storia del cristianesimo 2 (2007), p. 437: « 1368, l’anno dell’Anticristo » ; voir aussi : Josep Perarnau i Espelt, «El text primitiu del De mysterio cymbalorum Ecclesiae d’Arnau de Vilanova», Arxiu de Textos Catalans Antics 7/8 (1988-1989), p. 28, n. 69 ; p. 92, n. 727.

[7] Le fragment sur la Sibylle Érythrée appartient au noyau initial. Cf. Josep Perarnau i Espelt, « Sobre l’estructura global del De tempore adventus Antichristi d’Arnau de Vilanova », Arxiu de Textos Catalans Antics 20 (2001), pp. 561-574. – Il dit ceci (Arnaldus de Vilanova, De tempore adventus Antichristi, 754-782,éd. Josep Perarnau, Arxiu de Textos Catalans Antics 7/8 [1988-1989], pp. 151-152) : « Ut autem per diversos calamos ab uno Spiritu sonorum concordiam audiamus, non incongrue nobis ocurrit hic consideratio vaticinorum Erithee Babylonice,que Grecis tempore raptus Helene predixit ex tunc omnes magnos eventus mundi usque ad tempus iudicii, que de Christo et discipulis eius et omnibus illius mysteriis evangelizavit mirabili claritate. […] Hec, inquam, discurrens successive per reges Grecorum et Romanorum, adventum descripsit bestie, scilicet Mahometi, a principio usque ad finem regni ipsius, et ortum et fructum ordinis fratrum predicatorum atque minorum et adventum abominationis, scilicet Antichristi, et ultimum adventum Agni celestis ad iudicium generale. Omnia vero, que predixit, completa sunt usque ad expulsionem Caroli regis ex regno Sicilie, cuius introitum et exitum et concussionem, nostris actam temporibus, et quem in proximo finem est habitura descripsit aperte. Post que, non restant nisi quatuor de hiis, que predixit: quorum primum est quod ecclesia Grecorum coacta reunietur ecclesie Latinorum ; secundum est dissipatio barbare nationis […] ; tertium est adventus Antichristi ; quartum vero est adventus Domini ad iudicium. […] Si consideremus igitur tempus quod, ut plurimum, cadit inter duos eventus ab ea predictos et immediate sibi invicem succedentes, invenimus quod eius vaticinium de adventu Antichristi et regno eius adimplebitur in tempore supradicto. Nam, ut plurimum, viginti quatuor anni eventum ab eventu discriminant. Si ergo dentur negotio Grecorum viginti quatuor et negotio Saracenorum totidem et adventui Antichristi totidem: certum est quod eius regnum intra centenarium sequens, circiter terminum supradictum, occurret. Quod autem post tempus Antichristi non sit seculum uno centenario duraturum […] ».

[8] Cf. supra, note 8.

[9] Cf. Mensa i Valls, Les raons d’un anunci apocalíptic, op. cit., pp. 149-151.

[10] Cf. Michael Embach, Die Schriften Hildegards von Bingen. Studien zu ihrer Überlieferung und Rezeption im Mittelalter und in der Frühen Neuzeit (Erudiri Sapientia, IV), Berlin, Akademie Verlag, 2003, pp. 228-237 ; José Carlos Santos Paz, La obra de Gebenón de Eberbach,Firenze, SISMEL, Edizioni del Galluzo, 2004, cxlii-cliii ; et Jaume Mensa i Valls, « La vernacularització al català de textos profètics, bíblics i teològics en la “ Confessió de Barcelona ” d’Arnau de Vilanova», dans Anna Alberni, Lola Badia, Lluís Cifuentes, Alexander Fidora (éds.), El saber i les llengües vernacles a l’època de Llull i Eiximenis. Estudis ICREA sobre la vernacularització, Barcelona, Publicacions de l’Abadia de Montserrat, sous presse, note 11.

[11] Jostmann, Sibilla Erithea Babilonica, op. cit., 516/89-91: « humiliabitur deus et humanabitur proles divina, iungetur humanitati divinitas. Iacebit in feno agnus, et puellari officio educabitur deus et homo ».

[12] Mariana Monteiro, Alfred Canon White, « As David and the Sibyls Say ». A sketch of the Sibyls and the sibylline Oracles, Edinburgh/London, Sands & Co, 1905, p. 17: «Nascetur Christus in Bethlem, anuntiabitur in Nazareth regnante tauro pacifico fundatore quietis ; o felix illa mater cuius ubera lactabunt».

[13] Cf. Josep Perarnau i Espelt, « Problemes i criteris d’autenticitat d’obres atribuïdes a Arnau de Vilanova», Arxiu de Textos Catalans Antics 13 (1994), p. 89-94.